La fête d’anniversaire

… ou plus précisément une fête d’anniversaire :

– pour un petit garçon de six ans,

– provenant d’une classe sociale favorisée,

– aux USA

– de nos jours,

– comment je m’y suis prise et comment j’ai (encore) merdé…

 

C’était mieux avant

Les adultes étaient-ils plus forts, plus courageux ou tout simplement inconscients lorsque nous étions enfants ? Je me souviens que les fêtes d’anniversaire de mes petits condisciples* avaient systématiquement lieu le mercredi après midi, au domicile du jubilaire où nous attendaient quelques friandises et un gâteau fait maison. Toute la classe était invitée.  Nous avions un grand plaisir à découvrir la maison, la chambre et les jouets de notre hôte en échange d’un modeste cadeau : une petite voiture, un livre, un joli bic ou une boite à mouchoirs brodés. … (Non Je n’ai pas cent ans !).  Et puis, nous jouions bien sagement ensemble ou en petits groupes, librement ou guidés par un grand frère ou une grande sœur.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et j’ai déménagé aux USA. La plupart des fêtes d’anniversaire des condisciples de mon fils ont lieu dans des endroits dédiés aux plaisirs enfantins des plus sains et/ou éducatifs (salle de gym, piscines, patins à roulettes, musée des enfants) aux plus interpellants (luna-parc, fast-food).  Les décorations, les gâteaux grandioses, les cadeaux somptueux, la grandeur du cérémonial m’ont souvent laissé un goût de trop.  Trop de consommations, trop de sucre, trop d’excitation… trop autour d’un événement qui, si Dieu le veut, Inch’alla, touchons du bois, si tout se passe bien, a lieu tous les ans.

Si pour l’anniversaire d’un gamin, on en est déjà à embaucher du personnel, louer des stands de foires ou des baraques à frites, que faudra-t’il organiser pour le mariage… Embaucher Céline Dion pour chanter à l’ouverture du bal ?

Comme je suis un peu vieux-jeu et un peu pingre il faut bien l’avouer, j’aurais aimé rester dans la simplicité de mon enfance en ce qui concerne la célébration de la naissance de mon divin enfant.  Je sûs après la première visite « d’enfants des autres » à mon domicile, qu’il me faudrait renoncer à mes principes pour le salut de mon ameublement et de ma santé mentale ou ce qu’il en reste.  En effet, après être restée sans voix en retrouvant un chérubin debout sur la table basse du salon, après avoir sauvé mon bouddha favori de la chute fatale et avoir eu à affronter les larmes d’un gamin auquel j’enjoignis gentiment de laisser mes fossiles et minéraux tranquilles, je décidai qu’il fallait absolument que je « reçoive » la cohorte des connaissances et autres copains de classe de mon fils ailleurs que dans mon antre.

Si j’ai changé mon fusil d’épaule, c’est aussi pour faire plaisir à mon fils.  Il sait comment les autres fêtes se déroulent et les plaisirs qui sont à sa disposition. Il a ses opinions et peut faire ses propres choix.  Si le luna-parc était d’emblée exclu, aucune considération morale ne me permettait de faire objection au choix des châteaux gonflables.  De même, je me conforme aux coutumes locales en ce qui concerne le fameux cake, un minimum syndical de décorations, ainsi que pour les fameux « favor bags ».

Donc un mois à l’avance on se met bien d’accord : location dans un lieu avec moult châteaux gonflables et autres toboggans gonflants sur le thème des dinosaures. Oui mon chéri !

*… pas le mien… Je suis du mois de juillet.

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Casse-tête

Qui, combien, comment inviter… La célébration aura lieu quinze jours après la rentrée.  Je décide d’inviter toute la classe nouvellement formée.  En dehors de celle-ci, il y a le groupe d’enfants que mon fils fréquente, réellement constitué d’enfants d’amis et de collègues de bac à sable.  Si on invite un tel, il faut inviter un tel… vous connaissez certainement la chanson.  J’invite donc tout le monde… en me disant que tout le monde ne viendra pas…

Je me résous à me lancer dans quelques estimations sauvages car il faut que je réserve le lieu avec une formule avantageuse en ce qui concerne le nombre de participant… Je dois également commander et remplir d’un contenu hautement polluant et inutile les fameux favor bags. Toutes les babioles dinosauresques que je convoite sur le net, se vendent par 6, 18 ou 24 alors que je table sur une vingtaine d’enfants… Ce sera donc 24…

Je jette mon dévolu sur un lieu qui fourni la « vaisselle » (encore un peu de pollution), l’arrangement de la salle, le service à table et le nettoyage, en plus d’une heure et demie de défoulement sur infrastructures gonflées.  J’ai quelques doutes sur l’efficacité de cette option de « party assistant » mais si je peux déléguer un partie de mes obligations, ça me va…

En guise d’invitation, j’envoie un message aux personnes que je connais.  Je glisse dans le cartable de Nounou un paquet d’invitations dont la maquette est fournie en ligne par « pump it up ».  Il suffit d’y ajouter ses données personnelles et de les imprimer, ce que Raf réalise en deux temps, trois mouvements…

 

RSVP

En français dans le texte : réservation souhaitée s’il vous plaît…

Les réponses par internet me parviennent rapidement.  J’apprends néanmoins que certaines personnes s’offusquent de ne pas être invitées alors qu’elles le sont.  D’autres s’étonnent que d’autres ne le soient pas alors que je ne les connais pas plus que ça et que nos enfants ne se sont jamais rencontrés… Là on ne peut pas parler de bourde mais de marasme relationnel.

Par contre, pas de nouvelles des copains de classe… Jusqu’au matin où, trois jours avant la fête, la « pétillante maman de Laura » m’interpelle sur le parking pour me communiquer que sa fille sera de la partie.  Avec tact elle m’explique qu’elle a essayé de me contacter par téléphone, mais le numéro 555 333 ne répond pas… Il aurait mieux valu que Raf réalise un quatrième mouvement pour ajouter mon vrai numéro… Mon sang ne fait qu’un tour, oxygène mon cerveau qui met au point un plan de secours. Traci me dicte le « mot d’excuse » que l’institutrice glissera dans toutes les mallettes à la fin de la journée… Cela ne changera rien aux intentions des petits camarades de Nounou dont seuls quatre répondront à l’appel.

Finalement, nous ne serons pas en surnombre.  Cela me permet d’aborder avec décontraction la question épineuse de la fratrie…. Pour certaines invitations, les choses sont claires, Nounou connaît tous les enfants de la famille et tous sont invités.  En ce qui concerne les copains de classe, c’est plus délicat… Si frères et sœurs s’invitent comme cela arrive parfois, le nombre de convives augmente de façon exponentielle.  Étant encore loin d’atteindre la masse critique, j’accueille avec plaisir une ou deux petites sœurs en plus…

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Le cake

C’est important le cake.  Pas de fête sans cake.  Peu de personnes s’embêtent à le faire elles mêmes.  Le cake s’achète, se commande.  De forme carrée, ronde, à étages sous forme de pokémon, Tardis, île au trésors, fusée spatiale ou de vagin pour les occasion particulière, la décoration du cake, son originalité est d’une importance cruciale.  S’il est simplement d’apparence comestible, c’est raté !!!

C’est un soucis le cake. Le cake représente l’ultime obstacle à mon « américanisation ».  Le cake c’est non.  Je ne comprends pas comment on peut manger ça, comment on peut dire que c’est bon.  Parfois j’essaye de gratter le « icing », (pâte sucrée de préférence de couleur de ce qui n’est pas comestible) pour avoir une chance de détecter quelques saveurs à l’intérieur avant que le sucre n’ai engourdi mes papilles et brûlé ma gorge.  La déception gustative est souvent au rendez vous… Cela ne goûte rien… que le sucre qui monte directement à tête.

Non, ce n’est pas ça un gâteau.  Un gâteau c’est comme ma maman le fait.  Une génoise légère qui goûte la vanille ou une pâte légère avec un petit accent beurré.  Le tout est garni d’une crème fouettée, légèrement sucrée dont la fraîcheur est accentuée par quelques fruits.  Un monde de différence accessible à tous par la magie du fait-maison.  Je dompte donc ma tendance à l’improvisation culinaire qui n’a pas de place en pâtisserie et je suis à la lettre la recette donnée par maman, quitte à me faire piloter par Skype… Et vous savez quoi… ça n’a pas le même goût… ça ressemble tout de même à un gâteau que je m’empresse de recouvrir de ce que je pense être du chocolat mais qui n’est en fait que du sucre… Je n’ai pas tenté la crème fouettée pour ne pas risquer de traumatiser quelques jeunes papilles gustatives qui auraient pu exploser sous le choc.

Dans le même ordre d’idée, et parce que qu’avec les parents nous serons entre 20 et 30 à vouloir notre de part du gâteau, je cède à l’appel du supermarché et m’empare du rectangle qui à l’air le plus comestible.  J’achète les paillettes, les tubes de poisons colorés réclamés à corps et à cris par ma progéniture et je parsème le tout de quelques dinosaures en plastique dont j’enfonce les petites pattes dans la mélasse sucrée.  Pas de doute, une nuit là-dedans et les pauvres bêtes seront diabétiques par capillarité !

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Le jour S…

Comme stress.  Pourquoi finalement car tout est sous contrôle et prêt à être chargé dans la voiture.  Favor bags, boissons, crackers et fromage, pop-corn, bougies gâteaux, dinosaures, le gamin surexcité… On est bon.

Une heure plus tard, tout le monde s’amuse, saute glisse, hurle.  Les parents devisent ou retrouvent les sensations de leur enfance en testant les installations gonflables.  Les gentilles demoiselles préparent la réception dans la salle annexe.  Elles arrangent la table pour les enfants ainsi que les offrandes apportées par les convives et richement emballées.  Le moment venu, elles installent les enfants et leur servent boissons et pop-corn en entrée.  Les parents sont agglutinés à l’arrière.  Il n’y a pas vraiment de place pour eux.  C’est souvent comme ça dans ce genre de fête.  Ils se servent eux-mêmes en boisson et en fromage.  Puis, c’est le moment du gâteau, suivi de la distribution des cadeaux.

Encore une fois, j’ai la sensation que tout cela est trop.  Il  m’a même traversé l’esprit que peut-être les témoins de Jéhovah étaient dans le bon en ne fêtant pas les anniversaires… Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau bain.  Pour toute chose la voie du milieu est toujours possible… J’ai dû raté un virage.  Les enfants trop excités et bourrés de sucre sont à table, servis comme des petits princes.  Il y a du pop-corn et du gâteau partout du sol aux cheveux… Une sorte de chaos où toute l’impétuosité et l’exigence de l’enfance s’expriment sans limite.

Pourtant, au moment d’ouvrir les cadeaux alors que l’excitation est à son comble je remarque qu’elle prend maintenant une direction tout à fait saine et empathique.   Elle trouve son origine dans le désir apparemment sincère de faire plaisir à l’autre.  Tout n’est donc pas perdu ! De même, les petits machins en plastique volontairement placés dans des sacs bruns en papier semble réjouir l’assemblée des marmots. Une fois les deux heures qui nous ont été octroyées passées, tous retournent sagement chez eux.

Je retrouve mon domicile immaculé qui sera pour au moins deux semaines en proie à un envahissement de Légo.  Une dizaine de boites, ça fait beaucoup à construire, ça fait aussi plein de petites pièces qui s’échappent et qui n’ont qu’une idée, une destination : la plante de mes pieds nus.

Bon anniversaire mon chéri!

 

15 commentaires

  1. ooooh ton pauvre Bouddha!! Tes fossiles!!!
    Tu as bien fait. Et puis de toute façon, l’intégration culturelle passe par toutes sortes d’étapes importantes 😉
    Mais le gateau, j’avoue, j’aurais aussi essayé de faire un bon vieux quatre quart ou un marbré. Nan mais oh!!!
    Ces espèces de montagnes de sucre multicolores, ça me fait NON!

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    • J’avais déjà essayé l’année passée ais les enfant n’ont pas mangé mon gâteau maison. Cette année par contre les parents l’ont liquidé.
      Et oui mon pauvre boudha… Il a survécu à la traversée de l’atlantique mais les petits copains de Nounou sont un plus grand danger encore!

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  2. J’adore! C’est tout moi il y a quelques annees. Le gateau j’ai jamais ete capable et par chance mes filles adorent les gateaux maison donc je m’en suis toujours sortie. J’en ai fini de ces fetes et je suis soulagee. Ma fille de 14 ans ne fete plus son anniversaire avec ses copines depuis deux ans et celle qui va avoir 12 ans veut faire un sleepover. Je te rassure donc, un jour ca s’arrete 🙂

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  3. Cc Katrien, c’est drôle mais en te lisant, un souvenir d’enfance me revient immédiatement. Le fameux gâteau de Savoie préparé par ta maman avec cette délicieuse crème fouettée maison que tu ajoutais. Nous étions gourmandes, nous n’en faisions qu’une bouchée! Qu’est-ce que j’adorais ça!
    Merci Katrien de me rappeler ces précieux souvenirs!
    J’aime beaucoup te lire même si je laisse rarement un commentaire. A bientôt
    Vinciane

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    • Et oui c’est précisément à ce gâteau que pense et je nous revois dans le salon occupées à le manger. Il y avait aussi Christine et Cécile… ah la belle nostalgie! Je suis heureuse de partager cela avec toi! Bisous.

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  4. Excellent article, bien vu et bien écrit. Je suis ravie de voir que je ne suis pas la seule à avoir « renâclé » et trébuché dans l’organisation des anniversaires « made in USA » de mon marmot. Malgré le passage à l’adolescence, qui a été gratiné, je ne regarde pas en arrière et suis ravie de le voir arriver à ses 18 ans — surtout parce que je n’aurai plus jamais à re-traverser ces fêtes d’anniversaire au pays de l’Enfant Roi. 😉 Il y a quand même tout le tra-la-la de l’année de Terminale et du départ au sacro-saint « college » qui nous attendent cette année, mais je me dis que si j’ai survécu à tous ces mauvais gâteaux colorés, les Chuck-e’Cheese, Trampoline parties, etc, j’en viendrai bien à bout aussi. Merci de m’avoir fait sourire. Il est toujours rafraichissant de lire des témoignages honnêtes et sans complexe sur l’expatriation. Veronique (French Girl in Seattle)

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  5. Merci pour ce petit article finement écrit. Tellement vrai, l’anniversaire de ma fille de 12 ans est dans 3 semaines. Je n’ai encore rien organisé mais je commence à avoir des sueurs froides surtout quand elle me dit qu’elle souhaiterais l’étaler sur tout un weekend. Je pense que je ne m’en remettrai pas. Pensez à moi le 23-24 septembre prochain.

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    • Étalé sur tout le WE! Oh ma pauvre je compatis. J’avoue que l’idée que la chose soit bien délimitée dans le temps… deux heures dans mon cas, était un grand soulagement. Peut-être reviendra t elle à la raison… Tout un WE, je suppose que cela implique des enfants qui dorment à la maison…. Courage je penserai bien à vous.

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  6. Coucou Katrien,

    C’est interpellant de constater que quelque chose d’aussi simple qu’un anniversaire prenne une tournure aussi compliquée. Il faut presque une répétition! Mais tu t’en es bien sortie…
    et tu dois en être fière. Tu n’as pas le choix que de te plier aux coutumes locales. L’essentiel c’est que Nounou soit content. Courage pour la suite des aventures.
    Bises Fabienne.

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  7. Je suis une adapté de l’anniversaire au parc, où les gamins jouent sans que ça coûte quoi que ce soit, avec un vrai gâteau maison mais décoré à l’américaine. Par exemple pour son anniversaire Pokemon, mini-nain a eu droit à une pokéball géante sauf qu’en vrai c’était une forêt noire maison 🙂

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